Laissez moi vous présenter André Nitschke, photographe résidant à Metz, spécialisé dans la photo de danse : les portraits de danseurs et danseuses de sa région, les spectacles et les séries thématiques sur la danse contemporaine.
André Nitschke se considère comme un photographe auto-didacte. Toutefois, c’est à mon oreille attentive qu’il confia que dès son plus jeune âge il fut initié par son père qui était photo-reporter de Guerre. En 2007, il est lauréat d’un concours de photographie grâce à un cliché du groupe de spacialisation sonore Urban Sax. Cette consécration, le conduit à s’inscrire au club Photo-Forum à Metz où il continue ses expériences en dilettante.
C’est un triste événement qui le conduit ensuite à un exercice plus intensif de l’image fixe. Sportif accompli depuis 1975, une blessure malheureuse le prive de toute activité athlétique. Paradoxalement, c’est lorsque son propre mouvement s’arrêta qu’il s’intéressa à l’image en mouvement chez les autres. Au gré du temps et des rencontres, il dialogue avec plusieurs danseurs et danseuses puis réalise qu’entre la danse et la dimension sportive de cet art : il n’y a qu’un pas ! Dès lors, les questions fusent : comment photographier des danseurs ? Qu’est-ce que je leur propose ? Quel sera le rendu ? En observant rapidement comment sont photographiés les sportifs, on constate que la plupart du temps, l’image met en avant leurs prouesses physiques, leurs corps et leurs personnalités, à des fins plus ou moins commerciales mais qu’en est-il du danseur artiste/sportif ? Est-ce que l’on photographie son coup de pied comme celui d’un joueur de foot ? Peut-on, de cette même manière, « vendre » du danseur ? Pour la majorité des photographes la réponse est positive mais André Nitschke ne souhaite pas emprunter cette voie.
Etre vu comme un antépénultième photographe focalisé sur la grâce et la virtuosité dans la danse ne l’intéresse pas. Cette manière de pratiquer exclue pour lui d’emblée la personnalité et les identités gestuelles des danseurs – savant mélange conjuguant au coeur d’improvisations chorégraphiques et émotionnelles les images provoquées par le geste dansé, l’interprétation de celui-ci donnée par le danseur et la technique qui l’y a conduit. Aujourd’hui, cette notion et ce parti-pris orientent son travail lors de rencontres artistiques avec les danseurs, les compagnies professionnelles et amateurs. Très vite, ses productions l’amènent à croiser de plus en plus de personnes voulant développer des thèmes et des idées expérimentales. Témoin de toute cette matière qui s’offre lui, André Nitschke décide d’être ce photographe qui répondra présent aux attentes et aux demandes des danseurs en leur donnant un espace d’expression libre via son œil et ses photographies.
Il devient particulièrement soucieux de la réception de ses travaux. Il construit un site internet puis s’empare des réseaux sociaux pour toucher un public plus large et teste ses photographies en créant des séries thématiques titrées pour ses spectateurs-internautes. C’est alors qu’il réalise qu’au fil du temps, il a dressé un paysage des danseurs et compagnies de danse présentes en Lorraine. Moi-même témoins de ses travaux, je peux vous dire que ses séries représentent aujourd’hui un panorama de la danse contemporaine d’une région. Chose particulièrement rare puisque lorsqu’on parle des traces ou d’une mémoire de la danse, nous pensons aux photos des spectacles, d’un danseur ou danseuse célèbre… mais rarement aux empreintes laissées par la danse d’une région, d’une ville ou d’un département.
Je ne peux que vous inviter à aventurer vos yeux sur ses photographies et sur les textes qui les expliquent pour entrer dans l’univers d’André Nitschke. C’est entre autre « l’univers » de James& Cie – Les écarts qui l’a conduit à vouloir me rencontrer pour me poser la question : « James peux-tu danser ? » et c’est avec plaisir que je termine cette rencontre par une réponse illustrée.
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