James cherchait une nouvelle histoire et plutôt que de se creuser la tête indéfiniment, il sortit de chez lui pour subir la réalité. Très vite, il pris conscience qu’il erré au gré des paysages. Sentant qu’il peiné à trouver un sujet digne d’intérêt, il se résigna à une une simple exploration, sans réflexion, qui peut-être serait la solution à son problème.
Cette nouvelle série d’Appar-Être vous propose les mises en récit de James face au réel. Les courtes histoires qui vous sont proposées pourraient être une forme de nouvel écart poétique ou formel qui prend racine dans l’image et ce qu’elle suggère.
« Proche des six pieds sous terre, James avait creusé un petit tunnel pour contacter ceux qui vivaient sous ses pas. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit un terreau manquant de tout. Parmi les rampants, les cloportes et autres cafards, lui – l’insecte en métamorphose – songeait à ses semblables qui auraient deux ou trois choses à raconter sur cette terre foulée. Malheureusement, la déception de James fut grande lorsqu’il entendit l’ensemble des milles pattes pester contre le chaos constant. Qui êtes-vous pour soulever notre terre ? Qui êtes-vous pour oser nous écraser de tout votre poids ? Qui êtes-vous pour nous empoisonner ? Etc. Face à la déferlante des gravats verbeux, James sortit de dessous la terre plus blême que jamais. »
« Le lot de chaleur des beaux jours se fait sentir. Dans les jardins, nous prenons plaisir à contempler les natures ouvertes et les premières senteurs des parfums qui s’en dégagent. James, sensible au monde, prend de la hauteur et s’attarde au cœur d’une fleur éclose qui n’attend qu’une chose : la visite d’un explorateur. Accueillit à pétales ouverts, James fait le guet sur ce rebord végétal délicat dans l’espoir d’approcher celle ou celui prêt à cueillir. »
« James fuit les excès du temps. Au milieu des crevasses, il cherche un peu le frais dans un monde où les trous sont devenus les interstices d’une fraîcheur que l’on attend. A l’abri derrière ou dans les pierres, il reluque les murs pour observer les mirages qui s’en échappent. L’érosion a fait son œuvre, le dur labeur du passé lui saute au visage telles des histoires emmurées par des mains calleuses qui s’effritent. Comme un œil jeté sur le monde, James recherche les ombres pour que les lumières ne plissent plus ses paupières. Son seul et unique souhait : libérer sa pupille des aveuglements de notre époque. »
« Au détriment d’un sentier, James rencontra une bûche. Sur cette souche stable, son regard s’attarde sur la campagne. Dans le jardin d’une ancienne maison, il observe le temps qui passe. Cet espace autrefois fleuri et entretenu s’est laissé aller. Ici, la nature a repris ses droits et les grimpants arpentent des roches dégradées. Sur ce bois qui chauffe, James se demande depuis combien de temps ce socle est-il présent ? Quelques jours ou des années ? Est-il ici par envie ou est-il abandonné ? Face aux questions, James balaye du regard les brindilles, les herbes, les arbres et les fleurs qui recouvrent le passé. »
« Entre deux planches, James admire celles et ceux qui viennent s’asseoir. En dessous des êtres, il s’accorde une pause et profite de cet en dessous que l’on ne regarde pas. Pourtant, tant de choses se trouvent ici : mégots, papiers, poussières, traces de pas, canettes, bouteilles, etc. Autant d’objets que de personnes de passage qui s’installent puis abandonnent. A qui profite cela ? Qui observe puis imagine celles et ceux qui se sont arrêtés l’espace d’un court instant ou d’une journée. Ce n’est qu’un banc : la définition et le symbole d’une attente, une station, un stop où nous arrêtons nos vies pour laisser les autres l’observer. C’est au sol que trainent les mémoires d’une diversité. »
« Quand le soir approche, il faut savoir quitter ses déambulations. James avait laissé les extérieurs pour se réfugier dans l’intérieur. Ici, le naturel fait place aux préparations. Dans ce qui ressemble à une inauguration, James saisit l’instant. Un verre puis deux, un regard puis plusieurs, les intentions et les démarches se croisent avec élégance : la chorégraphie résonne parmi les rires, les allusions et les apparences. Au milieu d’une bourgeoisie qui se la coule douce, le personnage est grisé parmi les bulles et oublie le sujet de l’histoire principale : la vie. »
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