Au feu comme à coeur
Tandis que le monde tourne et que le temps suit sa course, il est des étincelles qui se réunissent doucement jusqu’à former une petite braise. Une toute première, puis deux, puis trois, puis quatre jusqu’à ce qu’elles aient suffisamment de force pour flamboyer.
Au cœur d’un froid logis, James observait tranquillement une cheminée qui n’avait presque jamais servie. De vieilles buches étaient entassés, des bois secs ou trop humides qui s’étaient accumulés. Cette cheminée lui convenait. Il a toujours détesté les fortes températures. Elles n’entrainent rien de bon, sueurs, vertiges, épuisements, fatigues, étouffements. Si le chaud provoque la fonte, le froid conserve et James – même sans sa cape – n’a jamais supporté être atteint par les éléments extérieurs. Assis et attentif, il écoute les vibrations de son logis, les battements incertains qui s’accélèrent ou réduisent. Le rythme tient. L’effort est constant mais sans fatigue. Les choses font sens et James patiente jusqu’au jour ou une lueur attira son œil.
Part sa fenêtre, James vit quelque chose tomber du ciel. Une petite boule de lumière éclatante. Quelque chose de vif et rouge laissant une trainée de lumière dans la nuit. L’objet s’écrase sur le sol et s’éteint. James resta perplexe un instant puis il vit une deuxième lueur puis trois, puis dix, puis… Ce n’était plus calculable. Le monde est envahi et les lumières ne s’éteignent plus. Un rouge étincelle, éclate et tapisse les murs de son habitat jusqu’à la cheminée qui s’embrase. Une flamme puis un feu. Son intérieur chauffe, brule et se consume. James suffoque, il ose à peine s’appuyer contre les parois car ses mains crament. Comment fuir ? Comment ne pas y laisser quelques plumes ? Au cœur de l’incendie, il divague, ses cheveux secs fument et sa maigre chair noircie de plus en plus. Vais-je finir en grand brulé ? Où se trouve la pluie ? Malheureusement dans un tel décor, plus rien n’est humide. Aucune larme ne saurait éteindre la suite des évènements. Les flammes dansent sur les murs telles des lianes qui resserrent leurs proies. L’étreinte d’un feu n’est rien comparée à la morsure du froid. Un monde se meurt et en son sein, une seule personne reste. James pose un genou à terre, serre son poing et refuse l’embrasement. Il faut sortir même si cela veut dire souffrir. Il posa ses mains contre les murs et poussa de toutes ses forces. Il cria et hurla comme pour débloquer une force insoupçonnée. La bâtisse c’est fendu. Elle c’est déchirée…
Un appel d’air… James respire et se croit sain et sauf mais il n’en est rien car autour de lui, l’univers est devenu rouge carmin.
Leave a Reply