Chemin faisant…
Chemin faisant, James était à nouveau sur les routes en quête d’imaginaire tout en interrogeant sa motivation. Pour une fois, il se trouvait sur du plat loin des chemins escarpés et des crevasses qui laissent échapper on ne sait quoi. Le décor était étrange, une longue route aux allures d’infini noirci s’étendait devant lui. Pourquoi ne pas la prendre ? Il est engagé. Quelques mètres puis un kilomètre, puis deux puis trois, quatre, six… Il n’y a pas de fin mais il sent qu’il décolle du sol. La route devient un pont sans bords pour le protéger. Il se sent équilibriste, agile et délicat comme un félin, il se tient le plus droit possible pour ne pas pencher, ne pas être tenter d’observer le vide et être absorbé par ce vertige d’imaginer la chute libre. Rassurez-vous, tout vas bien. James continue tranquillement son chemin. Soudain le pont se brise. En dessous de lui flotte des brindilles qui ressemblent à de l’herbe. Bizarre, elle n’est pas verte et grasse comme il pouvait l’imaginer, elle est plutôt sèche et peu accueillante. En vérité ce n’est pas de l’herbe – regarde bien James. Stupéfait, il s’agit de caractère, des lettres flottantes qui se rétrécissent et se courbent dans tous les sens. Quel est cet endroit ? James se met au bord de la route, au loin se trouve une autre voie mais pour y accéder il faudra sauter. Il regarde en bas pour observer l’herbe lettrée qui dessine des mots incompréhensibles, un charabia incohérent, une sorte de marée ou de bouillie si épaisse qu’il serait possible d’y rester. Ce n’est pas le moment de tomber James ! Il retourne sur ses pas et serre fort le col de sa cape, il se prépare, court et stop son élan.
De l’autre côté, sur l’autre route quelque chose apparaît. Une sombre silhouette. Il est impossible de savoir si la chose est humaine ou une nouvelle créature. James change de posture, en garde, si la chose lui saute dessus. Une voix se fait entendre, des sons parcourent l’air : « James, tu es à la lisière mais la route est encore longue à parcourir et les embuches nombreuses. Plus tu iras au devant, plus tu devras être prudent. ». Après ces mots, la sombre figure se liquéfie noire comme de l’encre. La substance se mêle à la route et au même moment, James sent que le sol a changé. Quelque chose ou quelqu’un parcours l’endroit, caché à l’intérieur des pierres qui constituent ce chemin. Il est temps de sauter. Il faut avancer. Malgré les mises en garde, James est décidé. Il prend de l’élan, s’envole. Le voici de l’autre côté. Au loin, peut être la ville…
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