James & Cie - Les écarts

Collectif d'auteurs/personnages ou de personnages/auteurs dessinés. Découvrez notre univers fait de poésies, récits, expositions, projets et aventures.

Les écarts, Les écarts de James

De bas en haut des villes

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Point de départ

C’est aux aurores que le drap nocturne se rabat. Aux premières lueurs, ce ne sont plus des illusions mais des bruits forts, bien réels et mécaniques qui animent les corps flétris. Comme des morts en torpeur, les odeurs de boissons dopantes se mélangent, les vêtements se froissent, les tissus et les habits – affichés ou dissimulés au plus regardant – s’enlacent telles des ronces à leurs propriétaires. L’orchestre se prépare… Le prélude des rouages de la grosse machine se met en branle – ville, cité, bourg, village – dans cet instant T les portes crissent, les voix se délient, les bouches se lavent, les corps se vident, se cachent des marques de la veille, se décrochent l’un de l’autre, s’extirpent avec peine : victimes et bourreaux de la routine par passion. Des fumées sortent des toits. Nous, les automates, faisons bouillir la marmite. Nous sommes devenus l’huile, la graisse, le carburant, le grain de sable et la poussière de nos bâtisses : des occupants délogés de nous-même attirés par des nourritures amères. Oui nous sommes – oui nous tenons – oui nous suons – oui nous buvons – enfin oui, nous serons, toujours pour des « effets-mérités » répétés par tranche de 24.

Théâtre des trottoirs

A l’arrêt sur le bitume, moi l’absent parmi les passants impatients, je stoppe mes pas, j’attends. Face à moi, un « hors les murs » une personne distincte au milieu des mannequins qui portent le label de la grande usine appelée : monde. Le filiforme James résonne et griffonne tandis que le poète d’en face – tel un reflet trop évident – mire les petits hommes lumineux qui nous autorisent la cadence. C’est alors que cette magie opère, ces quelques secondes quasi imperceptibles, où celui entre les frontières salue de sa tête et affiche un sourire : réponse aux marcheurs encastrés dans les globes rouges et verts. James traverse la scénette en acteur-spectateur, collectionneur de l’élégance d’une politesse bien trop fugace, au milieu des ces passages lignés frappés par les désirs d’indécents, de se trouver rapidement de l’autre côté.

Démarche nocturne

Dans un brouillard où l’on renifle l’approche du manteau blanc, les tours de la ville ressemblent à des phares lumineux défectueux – sans buts et qui ne guident plus – s’éteignant progressivement. Une ampoule éclate. C’est la fin, il n’y a plus personne. Pour celui qui marche tard comme un moustique à la recherche d’un lampadaire humide, ces lumières sont les invitations à rentrer au port. Plus elles s’éclipsent, plus elles accroissent les contours des sentiers obscurs dans lesquels d’autres pauvres hères s’échouent. Les oiseaux de nuit tardifs – bêtes de mauvais augure – filent à toutes jambes pour fuir la pénombre des blocs de verre et de granit, où des légendes marines risqueraient de les entraîner vers les abysses. De temps en temps, les deux yeux blancs de nos véhicules peuvent aider – similaires à des têtes d’hommes filants à toute blinde vers des bercails souterrains – là encore : nulle hauteur pour guider celui qui a pour seule compagnie les étoiles du très haut ou les moisissures du très bas. C’est dans cette fissure entre les murailles, cet interstice de rue, cet espace étroit élancé contre le béton que s’achève cet entretien avec la nuit.

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De bas en haut des villes

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