Figé
Quel-est ce battement ? Quelle-est cette sensation ? Déversé dans les veines, l’encre se fait sang. Un sens puis dans l’autre, tourne puis retourne, parcours et traverse cette chair qui ne connaît plus que les sanglots, la fureur et la peine. Comme des Érinyes, les mots poétiques mutent en macabres mouches virevoltantes autours des feuilles d’autrefois, limpides et clairs. Quel-est ce bruit ? Quel-est ce fracas ? Un vacarme assourdissant de cris lointains se cogne contre les murs sans jamais atteindre James, mis au fer et lié par d’étranges structures métalliques dont il tente de se défaire mais en vain. Torrent de feuilles et de phrases, des rouleaux entiers de textes s’effondrent et se brisent sous ses yeux sans pouvoir recoller les morceaux. Morcelé, en fragment, comme l’est un miroir brisé, James baisse la tête et s’abandonne à des vents chimériques qui tournent et rient autour de lui.
Craquer
Fou parmi les fous, il ne le croit guère – ou du moins persiste à ne pas le croire. Il hait les sons, ces voix qui dansent une ronde joyeuse au cœur de ses os fragiles. Prisonnier et geôlier de son propre univers, un personnage s’affaiblie. Il plie, sans implorer à genoux, que la plume vienne à son secours, que les voix se taisent puis qu’on les enferme ! Ce qui fût scellé c’est répandu comme une mauvaise herbe. Une ronce lointaine, vivace et cruelle. Un buisson recouvert de piques qui se dressent tel un mur infranchissable. Une végétation empoisonnée qui distille le lent venin connu des sensibles et des amis logés dans vos têtes. Ici, dans cette salle recouverte de papiers que le temps a putréfié, une odeur nauséabonde monte progressivement aux narines d’un enchainé. Ne lui en déchaine, les larmes assaillent et ne peuvent plus être retenues. La marée noire s’agite dans les orbites, déborde puis coule. Les larmes seront sont encre. Un visage c’est déformé. Un autre être, proche, a vu la couleur sublime couvrant ses yeux humides s’effriter puis, doucement, s’évanouir.
Garni
SUPERBE texte ….une approche assez surréaliste des douleurs de l’être.
Dessin de James Splendide …..!