Ivresse #2
Pas simple d’écrire quand le sang ne fait qu’un tour et que l’été assomme les sens qu’on préfère voir décuplés. Ici s’écrivent quelques mots entre les tchin-tchin et les débordements des « Oh l’ami pas plus que le bord ».
On se plaît à regarder autour de soi, voir ce qui est déjà, ce qui sera peut être, ou ce qui est déjà passé. On s’enivre des paroles des autres, des rires, des malices d’un regard, d’un bon mot qui fouette la chair et réveil quelques suggestions. On titube sur un chemin. La chaleur cogne, le corps est lent et les songes brumeux. On pense. On raisonne, non sans quelques difficultés. Le mode pilote automatique est enclenché en attendant de s’effondrer.
Durant ce temps on ressasse et les mécaniques de notre cœur s’emballent ou se crispent selon l’image qui nous revient. Sombre breuvage qui joue quelques tours ou doux liquide qui engendre l’oubli. On voudrait dévisser sa propre tête. Changer les pièces d’un moteur défoncé. Arracher du monde les souvenirs. Au coin d’une rue où sur un passage pour piéton, on se perds. L’œil voit ou projette. Tout ce qu’il retient deviendra une mélasse de rêves, des délires d’associations, des histoires mal agencées.
La porte n’est plus très loin. Péniblement, on introduit la clef pour retrouver le silence des murs, le calme et l’insonorité. La clef se brise. On pleure. Nous nous trouvons de l’autre côté, incapable de revenir, impossible d’être en paix.
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