Ivresse #3
Il n’y a pas de quoi rouler par terre l’ami – ou plutôt si, tout dépend comment s’amorce ta chute. Belle ivresse qui fait sourire, rire et qui amuse le bal des noctambules. Parfois mondaine ou ritualisée et même nécessaire dans certains cas, tout dépend de ce que l’on voit ou de ce que l’on présume. Vous me direz – ça s’imbibe ici – mais pour dire vrai, le monde s’assèche. Au dehors, on semble agile, plus sûre et libre mais au fond le corps brule. C’est loin d’être une étincelle passionnée, il s’agit là d’un feu qui se nourri car il est alimenté. Qui peux penser qu’un liquide peut embraser, tordre et déchirer une chair. Usée. Cramée. Tout passe sans se soucier de la santé ou d’une gueule qu’on voudrait préserver. Oh oui ça fait mal ! Tu sens pertinemment qu’en rentrant chez toi tu vas te tordre de douleur debout ou allongé mais tu prend tout de même une énième goutte car plus rien n’étanche ta soif. Le temps s’épuise et se vide au rythme des bouteilles que tu descends. Il n’y a plus d’heures, juste des instants. Dans ton sommeil tu ne pourras rien voir excepter les flammes qui dévorent ta bile, ton foie et les faibles parois de ton estomac. Tu voudrais dormir ou tenir debout. Tu voudrais que tes yeux s’écroulent ou restent éveillés jusqu’à la fin de l’incendie. Tu voudrais voir un nouveau jour et que le temps s’accélère pour mieux bannir un état de fait. Cependant, rien ne se passe… Il faut attendre encore et encore et constater que ta frêle carcasse n’est qu’une fine feuille de papier qui vient d’être allumée. Alors l’ami, on aime finir en cendre ? On apprécie de se consumer ? Faut pas lutter l’ami, tu es incapable de t’éteindre.
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