James à travers l’hiver #3
Comment se rendre sous la surface ? Pensait James. Encore sous le choc de sa récente découverte, il décida de continuer sa route. Tenant fermement son bâton et sa capuche pour ne pas attraper froid, il continua de suivre le chemin tracé par les bougies. Plus il avançait, plus celles-ci devenaient rares. James avait peur. Etait-il tombé dans un piège ? Est-ce que les mots de l’homme avaient un sens ou étais-ce les paroles d’un fou proche de la mort ? James doutait. Pensant que son imagination lui jouait des tours, il se cramponna à quelques certitudes. Ce qu’il avait vu était bien réelle : les lumières vives, les étranges racines, les fleurs grises et noires. Ces éléments constituaient bel et bien une énigme à résoudre. Au sommet de toutes ses interrogations, demeurait l’homme aux trois masques. Tandis qu’il marchait tout en songeant au monde qui l’entourait, James sentit quelque chose sous ses pieds. Le sol était différent ou du moins il ne faisait pas le même bruit. Là où James tapait du pied, le sol sonnait creux. A l’aide de son bâton – un peu comme avec une pelle – il écarta la neige et découvrit une trappe avec une lourde poignée. Les mains tremblantes, il ouvrit celle-ci qui donnait sur des escaliers s’enfonçant dans l’obscurité. Les ténèbres n’avaient rien de rassurant mais en empruntant ce nouveau chemin, il serait à l’abri du froid et le feu de son bâton lui permettrait d’y voir clair. Petit à petit et prudemment, James descendait les marches tout en pointant son bâton vers l’avant. Son feu lui donnait une faible visibilité mais suffisante pour ne pas tomber. Etrangement, il ne faisait pas froid. James pouvait sentir une faible chaleur et même si il s’enfonçait toujours plus loin sous la surface, l’air était respirable. Au bout d’une heure, l’environnement changea.
Au plafond étaient suspendues plusieurs bougies qui éclairaient les alentours. La fin de l’escalier semblait toute proche car au loin, se trouvait une porte. James arrivait sur un sol fait de pierres lisses ; signe qu’elles n’étaient là par hasard. Les bougies du plafond se trouvaient sur des petites soucoupes métalliques cuivrées suspendues par des chaînes, un autre signe prouvant qu’il se trouvait dans une construction qui avait était façonné par quelqu’un ; une forme d’intelligence. Il n’y avait rien d’anarchique, contrairement au monde de la surface. L’air était sec, le sol propre, la porte de pierre était taillée et décorée avec des ornements. Les différents motifs visibles n’évoquaient rien, ils semblaient être purement décoratifs. James cherchait du regard une poignée ou toute autre chose lui permettant d’ouvrir la porte. A sa grande surprise, il n’y avait rien et – qui ne tente rien n’a rien – il décida de donner deux coups, tout en disant :
- Y a quelqu’un ?
James eut pour seule réponse : le silence. Il s’installa sur la dernière marche de l’escalier tout en contemplant la porte. Plus il réfléchissait, plus la flamme de son bâton s’agitait, ce qui avait pour effet de créer des ombres étranges sur les murs. Alors, une idée lui vint :
- Et si j’arrêtais de penser. Et si j’arrêtais d’avoir toute volonté. Peut être que ma seule présence ici empêche l’ouverture de cette porte ? Marmonnait-il à voix basse.
James tenta l’impossible. Il s’arrêta de penser. Très vite, la flamme du bâton diminua ; au point d’être minuscule mais elle était encore là. Il souffla sur cette dernière. Le bâton s’éteignit. James sentit un léger pincement au cœur. Quelque chose en lui était coincée mais à peine avait-il pensait à cela que la porte, sous ses yeux ébahis, s’ouvrit. James se leva et bondit vers celle-ci ! Au même rythme que sa course, la flamme du bâton se ravivait et la porte commençait doucement à se refermer. Par chance, il réussit à la franchir. Enfin de l’autre côté, un spectacle fascinant l’attendait.
Sur le rebord d’une corniche, James observait un abîme. En son fond, se trouvait une énorme roche violette et rose d’où sortaient d’immenses racines noires et tortueuses. La roche ressemblait à un cœur. Elle était comme vivante et semblait à la fois figée et mouvante. Quant aux racines, elles avaient percées cette roche tout en laissant des ouvertures d’où sortaient des lumières jaunes et vives. Un spectacle de couleurs douces et douloureuses. Un monde contrasté. Sur les racines, poussaient d’énormes fleurs mauves laissant s’échapper un pollen de la même couleur qui flottait dans l’air. Ce paysage féérique et inquiétant laissait penser que James avait trouvé la source des racines. En dessous de cette roche, il devait y avoir un organisme qui avait muté ou une créature qui donnait naissance à cette étrange nature. Le pollen ne dégageait aucune odeur. Là où était James, il pouvait le voir distinctement. Il était si gros, qu’il ressemblait à des ballons qu’on aurait lâchés dans les airs.
- Quel est cet endroit ? Se demandait James.
Encore plus bas, à la base de la roche, James aperçu un petit sentier. Des dalles noires et blanches qui indiquaient un autre endroit. Ce lieu ne serait donc qu’une salle pour abriter le secret qu’elle contient. James devait descendre de la corniche mais il ne voyait aucun chemin possible. Il fallait sauter dans le vide… Ou sauter sur les racines… Mais que se passerait-il si il décidait d’une telle action ? Observant encore cet endroit du bout de la corniche, James réfléchissait à un plan qui lui permettrait d’aller encore plus bas.
Leave a Reply