Joueur

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Nous sommes plus ou moins hasardeux sur un jet de dés au hasard. Sur le tarot de notre existence, bien trop peu abattent leurs cartes d’une seule main : trop peureux de finir sur la roulette…

Au beau milieu des lustres et des tapis, dans une ambiance nocturne aux senteurs d’aléatoire, James s’était installé à la table de celles et ceux qui jouent. Devant lui se trouvent des personnes sensibles aux entourloupes : des êtres qui se toisent pensant connaître l’autre. Tel est le goût du jeu, le goût du risque : celui de prétendre savoir d’un simple regard celle ou celui qui contient quelques petits pouvoirs au creux de ses deux mains fragiles. James en fait parti, James est un joueur sous de faux airs aristocratiques cachant un clown blanc qui échoue ses entreprises. Sera t-elle présente ce soir ? La chance – dame convoitée des convoitises brillantes.

Toutes et tous s’observent autours des paris que nous lançons sur des jeux ou des machines. Que l’on abaisse le levier ou que le croupier lance un destin tapissé : ici, naissent les sueurs froides des exaspérés, des tiraillés insatisfaits lançant quelques billets sur un damier. James ressent les tensions et la fatigue des yeux rouges qui pensaient avoir raison. Le bon numéro – nous nous y accrochons, nous y croyons – le gros lot, le ticket ! L’espoir de trouver ce qui est juste et bon. Mesdames et messieurs, valeur de jeu contre devoir de résistance : les adages sont à la carte. Choisissez votre couleur ! Choisissez votre table ! Défoncez vos habitudes en préférant l’étreinte du hasard.

A cette table, James joue. Il se défoule tout en réfléchissant à ce qui glisse entre ses doigts et ce qui lui brule la langue. Ne pas parler et subir les aléas : telles sont les flagellations des adeptes de l’abandon d’un ou de plusieurs soirs. Récurrence ou juste une fois ? Les cartes volent dans une lutte des pulsions des « reviens y, assied toi… ». Le petit démon des as joue du tambour au rythme palpitant des perdants : sonnant le glas des biftons. A poil, hommes et femmes n’ont d’élégants que leurs vêtements dissimulant un carnaval décrépit : une petite bourgeoisie médiocre dont le collant trop usé file.

Au règne des apparences, James ouvre le bal comme maître de cérémonie des inchangés n’ayant jamais compris la leçon. Il pavane au milieu des poches vides qui gardent un sourire de circonstance. Pauvre ou ruiné selon votre rang : aucun bluff ne sauve d’une main de poisse, avare, dont les ongles gourmands ricanent à la vue de votre dépouillement.

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