Le premier sommeil
C’est ici que James s’installe. Bien à l’abri des échos cimentés du bâtiment qu’il occupe, entretenant ses rimes au gré des mots et des odeurs qui l’entourent. Translucide comme l’eau, son esprit se glisse au travers des parois d’inconnus dont il imagine les faux pas et les exceptions. Je ne tairais pas ce que je vois, ni ne dissimulerai l’impossible des situations : je me tiendrais au milieu de tous sans qu’ils me voient : un mort parmi les vivants, une sculpture aux yeux animés parmi les visiteurs de ce musée nommé : existence.
« Elle »
Dans les songes elle se prosterne. Allongée, désireuse d’être conquise, elle se tortille en ver assoiffé. C’est alors qu’elle vient, cette sueur des peurs sans objets, cette impression d’être clouée à terre, incapable de se relever. Puis viennent les sables, la douce sensation de glisser dans une asphyxie, un étouffement diminuant nos derniers morceaux de crâne raisonné. Je l’appelle angoisse mais combien d’autres sobriquets lui sied ? Tentatrice, médusante et absorbante… maladive en tout point, elle est, reste et restera l’ultime dissimulée.
Vers un parfait connu
A présent qu’il est drapé de nuit, il va rendre visite à cet autre lui. Ici, dans cet espace sans fondation, modelé par l’imagination féconde des journées accumulées, se tient une cage : l’emplacement universel et délirant de l’habitant. Dans un costume fait de chair – vêtu à la social – je vois des os et une sècheresse d’esprit : une voix de feu sentant bon le souffre des rêves incinérés, fumant les fantasmes et les espérances misent de côté. Il est l’ami, le modèle, l’infidèle calculateur mais sincère, chez lui tout se confond et fait éclore une hydre cacophonique. Que les yeux de James soient scellés si vous aussi vous n’y êtes jamais allé : nous les marcheurs sur ce rideau noir tendu par nos paupières fermées.
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