Mon jardin damné
Jardin enfoui en feu de nous deux,
Feu ravageant ces jolies fleurs fauchées.
Incendie d’orchidées oubliées
Et de maux qu’on aimerait effilocher dans leurs fumées.
Je les brûle,
Je les écris,
Je les bouscule,
Je les crie.
Mots contre maux,
Les oxygènes de nos AMOURS,
Oxydant tour à tour nos douleurs et nos bonheurs.
Kérosène brûlant ma plume depuis des jours.
Pour lui,
Je fais crépiter mes mots qui s’allument et brûlent entre rumeurs adolescentes
Et douleurs indolentes.
Je contemple cette variation constante,
Au loin, inconsciente
Inconstance, À la morsure brûlante.
Comme de l’oubli des orchidées
Qui fascinent, sublimes abîmes à regarder,
Et qu’on aime à sentir,
Mais dont la beauté damnée
Finit toujours par nous salir.
Maux éparpillés
Qui partent en fumée,
Entre feux de joie
Et feux de peine
Qui font battre mes veines.
Et lui ?
Il hume sans gêne,
La fumée qui s’en dégage,
Se repait de ce spectacle de désolation passionnée,
Passionnément consumé.
Envisage résolument sage
De transhumer ma peine et ma rage
Vers de plus sereins pâturages.
Un jardin sans orchidées oubliées,
Juste avec de l’amour à BRÛLER.
De MON jardin brulé
Il ne reste qu’une orchidée cendrée oubliée.
Les précédents ravages ont pourtant causé bien des dommages.
Comment cette fleur qui rougeoyait encore tout à l’heure,
Peut-elle être encore debout au milieu des débris
Et du reste de ces orchidées qui crient ?
Elles se consument d’une lente agonie et cette survivante…
Rit de ma chaleur ardente.
Contente, la contemple.
Des deux, c’est certainement elle la plus brûlante.
Palpitante, qui me pousse à transcender ce qu’il me reste d’âme.
Évaporées mes larmes.
Essorés mes drames.
Je la saisis sans l’arracher et je ne peux m’empêcher d’humer son parfum damné.
Finalement, il me reste encore quelques fusibles à faire sauter
Un peu d’AMOUR A donner.
Un peu de joie en combustible pour arroser ma vie
Et en boire un peu sur envie,
Moi l’alcoolique des rimes
Je me suis inscrite aux Encres Anonymes.
Mon jardin est maintenant APAISÉ.
J’ai planté mon orchidée dans mon cœur,
Elle y encre du bon et dans son tréfonds y est ancrée.
Dans le jardin de MON COEUR il y pousse du bonheur.
Et de la terre brûlée
Jaillissent de nouveau des fleurs.
MON orchidée j’ai préféré la planter au creux de mon cœur,
Pour ne pas la tenir dans le cœur de ma main,
Après tout ici au chaud elle y serait bien.
S’alimentant de mes peurs
Fleurissant dans mes bonheurs
Et prenant racine pour empêcher que la vie, à nouveau, ne le déracine.
Je ne savais pas trop si elle me faisait du bien ou bien du mal.
Mais ça m’était bien ÉGAL,
Tant que c’était un mal pour un bien.
Elle me contait fleurette,
Doucerette chanson,
Pendant des heures qu’elle chantonnait et me contait à foison,
Le bruissement du vent dans ses pétales,
Qu’il s’y perdait parfois les flocons,
Des larmes de cristal,
Et le reflet des aurores boréales.
Fleur fatale et vitale,
Poignardée dans mon cœur exsangue
Elle le nourrissait de son sang à elle
Liqueur de merveilles et traînées de sève belles
Qui se mêlent, s’entremêlent et tanguent.
Ensemble on a roulé dans la campagne désolée
Et marché à travers des champs de désolation,
Parcouru des déserts glacés
Et déglacé le seul chemin présent.
Avec une patience passionnée
Il a brisé une à une mes métaphores,
Amphores de mes blessures du passé.
On s’est allongés dans les herbes hautes,
La terre dessous était brûlante,
On la sentait encore fumante.
Sous le ciel immense il a disséqué mon cœur
Et y a vu les ballons de lumière de mes soleils d’été
Et ceux remplis de lumière noire de mes nuits d’hiver, glacées.
Et moi, l’orchidée oubliée, j’ai crié.
D’un cri sourd, muet explosant et s’éparpillant en poussières de nous,
Et quelques résidus de MON cœur et le sien, purement doux.
Se mêlant aux branches de lierre
Et faisant un TOUT.
Mélange de lumières d’hier
Et de souvenirs de l’aurore boréale d’aujourd’hui.
La rumeur de mes pétales a guidé mes pas et m’a montré un chemin enfoui,
Jusqu’à lui,
Moi, la fleur enracinée dans son cœur,
Mon beau jardin fleuri.
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