Ma langue, ton insulte
A présent, il évoluait dans un fourmillement d’injures. Les assauts répétés à son corps, les contours aigües des paroles, leurs angles acérés, leurs aspects caparaçonnés ; chaque mot éclorait dans le son pour venir se précipiter vers lui qui, les bouturait sur chaque infime parcelle de peau encore libre.
« On sous-estime par trop la violence verbale de notre monde » s’enorgueillit-il.
Pour l’instant, il entreprenait avec les ondes vibratoires des insultes une parade amoureuse, une séduction pleine de simulation.
« L’insulte est le degré absolu du langage ».
Il agissait, depuis quelques temps déjà, en danseur ; rampant, modelant l’espace autour de lui par les mouvements de son corps. Les échos de son être résonnaient sur le sol. Il incorporait, incorporait, il incorporait et se mélangeait aux appels de l’époque.
Décommuniquez
Comme tenus par une foule d’isolés
Ce qui se parle se cerne des parlures, des bavures, de ces saillies obscures
Ce qui se dit ne dit plus rien de ce qu’il n’y a plus rien à dire
Planqués, restez terrés
Révoltés, jetez vos mots dans vos poches
Muets, alimentez le silence par vos gestes
Discrets, défaites les paroles,
Décommuniquez le monde d’avec lui-même
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