Nuit et silence
Il est toujours étrange de titrer un texte par des mots qui impliquent un sens contraire car si éloge il y a, il faut bien la dire et donc en parler. Ici c’est une plume qui s’exprime car celui qui pense dès maintenant a cessé de parler.
04h51 à la montre de James qui ne dort pas. Enveloppé sous sa cape, il a trouvé refuge dans un grand espace, un vaste cube aux murs gris et froids. A cette heure-ci il espérait trouver un peu de repos mais à son grand regret, son esprit veille. Quelque chose lui parcours l’échine. Une sensation ou un insecte, un truc qui gratte ou qui fait frémir votre peau alors qu’il n’y a – a priori – rien. Il faut dormir mais soudain, un bruit. Un son qui fait « crac », « plic » ou « ploc » difficile à dire mais il vient du toit. C’est un son sec et brusque qui se diffuse un peu plus loin dans un mur ou à un autre endroit de la toiture. Tout à coup, ce son semble vivant et ce déplace. Une émotion se crée en James, la peur, une sueur froide s’empare doucement de son corps. C’est à ce moment là – dans le doute – qu’on rouvre les yeux mais il fait noir, on ne voit rien sauf le vide et l’immensité des cauchemars possibles. Il cherche en haut, sur les côtés et au bout de ses pieds pour savoir d’où vient ce son et qu’est-ce qui peut le provoquer. C’est à cet instant que l’imaginaire prend ce malin plaisir à vous faire voir tant de chose. Une forme, une ombre, une mains crochues, une créature, tant de craintes que l’on redoute. Comme un enfant, James se replie sur lui même et rentre ses pieds sous sa cape, sa respiration ralentie et devient plus profonde comme si quelque chose ou quelqu’un allait fondre sur lui. Il est prêt à bondir et se réveiller d’un coup mais pour l’instant, la paralysie règne en maître sur sa conscience. Il est figé. Il ne bouge plus. Il arrête de respirer tandis que le son devient de plus en plus fréquent et semble se rapprocher de plus en plus près. Il grelote. Son dos est froid. Ses yeux s’écarquillent et ses mains s’agrippent à sa cape. Il n’en peut plus, il en pleurerait si il le pouvait car sa tête projette tant d’horreurs et de monstres que son seul soulagement serait de mourir ici, là, maintenant. Dans un élan de peur et de rage, James se dresse et hurle le mot « Part ! » puis il comble le vide et continue de parler à la nuit en lui disant « Tais toi ! Je veux que ça s’arrête ! Laissez moi dormir ! Foutez le camp ! Laissez moi tranquille ! ».
Alors que ses mains sont sur sa tête et qu’il se balance comme pour se protéger, James regarde autour de lui et constate qu’il n’y a rien. Le monde ne fait plus de bruit, seul résonnent ses sanglots et les chimères de son esprit s’estompent. Enfin, le silence. Un vide stérile où rien ne se passe où personne ne répond et où aucun monstre n’a trouvé sa place. Il n’y a qu’une solitude. Un être isolé. Un univers sans parole. Un monde où le sommeil est un abri pour la pensée. Un refuge salutaire qui calme et apaise ou au contraire un recoin dans lequel les silences cachent des bruits, des fissures et des cris effrayants qui s’expriment encore et encore…
Leave a Reply