Pensée des racines
Au cœur d’un monde curieux, James dévale les pentes. Chutes, crevasses et précipices tant d’obstacles se dressent mais malheureusement sa vitesse l’entraîne. Toujours en chemin vers la ville, il avait trébuché et ne pouvait rien contrôler. Sa peur grandissait au fur et à mesure tentant, comme il pouvait, de s’accrocher à une pierre, une branche, un trou. Pauvre James, où vas-tu ? Sa cape protectrice a beau l’envelopper rien n’y fait. Ce n’est pas le moment de se laisser aller. Rassemblant ses forces, il agrippe les roches et s’écorche mais par chance, il trouve un relief pour s’accrocher. Ouf… Enfin sortie d’affaire mais comment remonter ?
Suspendu et contemplant le vide, James était bien loin de son chemin tout tracé. Il avait trouvé une position, plus ou moins confortable, pour ne pas tomber plus bas car tout en dessous de lui, ce qui se dessinait n’était pas rassurant. Etrangement, dans cet instant de flottement, sa cape ne lui obéissait plus. Il ne lui restait que ses mains nues. Il décida de rester quelques temps, curieux de savoir ce qu’il y avait plus loin. Regardant de plus près, il vit des arbres tortueux. Des végétaux à l’allure curieuse qui bougeaient comme des algues. Impossible de voir au travers, ni même de distinguer le sol sur lequel ils poussaient. Quoiqu’il en soit, la présence de James semblait les faire réagir. Peu tranquille – comme d’habitude – il bloqua sa respiration pour se rendre invisible. Il pensait qu’en s’effaçant il atteindrait le risque zéro. Contre toute attente, la végétation se dressait dans sa direction et au bout des branches, se trouvaient des bourgeons rouges acérés comme des lames. Soudain, les plantes, vives comme l’air, se plantèrent dans la roche. James craignait pour sa vie, serait-ce la fin ? De plus en plus fort, elles s’enfoncent et font chuter des rochers qui tombent dans sa tignasse. Un peu fébrile et assommé, il sentit le vent se lever. Un souffle puissant fit vaciller les arbres et arracha de leurs branches des feuilles rouges sang qui virevoltent. L’image est sublime, un véritable spectacle pour les yeux mais James n’a pas le temps de l’admirer. Il doit trouver un moyen de remonter. Tentant le tout pour le tout, il saute dans le vide pensant que le vent l’emportera. Il ne s’était pas trompé. Détaché des roches, sa cape retrouve son pouvoir et le voici planant au beau milieu de cette nature venue d’un autre monde.
Nageant – ou plutôt voguant – dans l’air, James se sentait libre et appréciait la sensation d’avoir enfin décollé du bitume de ses aventures. Heureux et agile, il s’amusait comme un enfant à faire des loopings et des piqués. Cependant, il ne pouvait s’empêcher de penser pourquoi les bourgeons acérés l’avaient attaqués ? Jusqu’ici James n’avait jamais eu d’ennemi… Du moins, pas à sa connaissance. Quelque chose en ces bas fonds avait pris racine. Un organisme qui semblait vouloir le poursuivre. Tout en volant, James songeait a ce qu’il avait semé ? Quelle graine avait-il laissé tomber ? Tandis que ces questions restaient en suspend, il aperçu de nouveaux rochers qui lui faisaient signe. Il était temps de revenir au sol et de parcourir à nouveau son fil. Au loin, peut être la ville…
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