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Le mince filet de fumée
Qu’il souffla de sa bouche
Vint buter contre l’angle du mur de brique.
Dans la nuit froide de la ville du Nord, la vapeur
De nicotine et de goudron
Filtrée par ses poumons, passant sous le halo du lampadaire voisin,
Prit la dimension d’un incendie prêt à faire éclater la bulle atmosphérique.
Son geste infime atteignait l’anonyme infini.
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Il fit rouler la bille du flacon sur l’un de ses poignets,
Puis le frotta contre l’autre.
L’odeur légère, chaude et épicée du parfum
Se mêlait à la douceur automnale de la soirée.
Il se retourna sur lui-même.
Homme horizontal sur son matelas ;
La quiétude l’enserra, le contint.
Le regard tourné vers la lumière finissante
A-travers le cadre de la fenêtre, il se félicita,
Heureux,
De peser si peu sur cette planète.
Son impact sur la réalité était des moindres.
Le sens de ses actions, insondable.
Ses pensées, apaisées, le rêvèrent enfin.
Il s’endormit, avec cette discrétion que l’on doit au monde.
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Il s’éparpilla un jour en brume de souffle.
On le revit quelque fois en buée sur les vitres.
Il continua à écrire
Mais personne ne put jamais plus déchiffrer
Les signes étranges qu’il émettait
Cela n’eut pas l’air de l’empêcher de continuer.
S’exprimer en gouttes d’eau et en vapeurs
Constitua pour lui l’aboutissement de son désir
De n’être qu’une simple discrétion au monde,
Une présence pesant le moins possible sur la réalité des choses.
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