Axel Zeebrugge est âgé sans être vieux. « Not yet and never more », la formule pourrait lui convenir et d’ailleurs il l’utilise parfois en prenant soin de rappeler qu’il l’emprunte à un romancier américain qu’il aime beaucoup. Il se reconnaîtrait volontiers dans la figure du flâneur; à ceci près qu’il s’est rarement senti chez lui, mais ce n’est plus le cas depuis quelques temps et ce changement il l’attribue à une heureuse rencontre. « Être hors de soi et pourtant partout chez soi; voir le monde, être au centre du monde et rester caché au monde ». Ce sont les mots de Baudelaire dans le peintre de la vie moderne. On peut les lire aussi dans les pages de cette curieuse encyclopédie, nouveau lieu de promenade des gens de son époque où comme tant d’autres – a ceci près qu’il n’éprouve aucune gêne à l’avouer – il flâne quelques fois. Il désire, pour quelques temps encore, raconter des souvenirs, narrer quelques aventures, mettre en récit des expériences, écrire des impressions et c’est à James qu’il aimerait s’adresser car il a trouvé dans ses « écarts » un autre lieu pour penser, sachant fort bien et paradoxalement que « nous ne pensons pas encore » comme on dit dans la Forêt noire. Peut-on faire pensée de tout ? A cette question, en admettant qu’elle lui fut posée un jour, il aurait sans doute répondu « oui » et il aurait ajouté que de tout on peut faire théâtre aussi, car il aime les montages. Il n’a jamais pu aller en Italie sans faire un détour par l’Allemagne et vice versa. Il sait, comme d’autres, qu’on peut parler des voyages qu’on a pas faits ou des spectacles qu’on a pas vus et parmi ceux-ci il en est qui continuent à le hanter comme la première représentation de Hamlet en Angleterre par exemple…
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