Sève de la folie
Dans le vide d’un monde, les balbutiements d’un iris malade prennent racine. Un œil fou qui ne se fixe nul part, impossible de se concentrer. Les flux d’images abreuvent quelques neurones suffoquant sous les impulsions électriques. Des courts circuits surgissent. Les étincelles allument le feu. Des doigts crochus se jettent en pâtures sur une feuille blanche et griffonnent le peu de bon sens qui se délie au file des phrases. Dans son orbite délirante, une pupille réfracte ses enfers qui s’ouvrent comme des bouches dévorantes, avares de principes et de faux préceptes dictés à la lettre, mis au point, soumis à la virgule prêt, interrogés par des exclamations brisées pareilles au verre jeté contre les murs d’un capiton salutaire. Gorgé d’un virtuel inexistant, il rit jusqu’à déchirer les commissures de ses lèvres qui révèlent une face lugubre, figée, prête à chuter, dominé et tremblante. Hantise permanente des rêves vus et revus qui défilent en boucle comme une pellicule, la photo des ses images sanglote, les hallucinations se ressentent. Voici la folie de dépeindre la palette d’un être architecte de son propre malheur, un personnage qui secoue la carcasse qui le supporte. Sort d’ici et réveil toi ! Explose le dernier carcan d’une cage retenant le meurtre de l’innocence ! En l’absence de saints sans voluptés, un sombre brouillard pénètre les verrous des serrures que les clefs, imbéciles, cherchent à contenir, conserver. Monstre d’auteur aliéné à la misère de cette créature d’invention, quand aura-tu la force de briser tes chaines ? Réclamer ta part ? Hurler ta rage et l’amour face aux branches où fleurissent tes silences criants ?
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